Haïti face à son destin économique

Plongée dans le chaos politique depuis l’assassinat du père fondateur de la nation en 1806, dans le chaos économique depuis le paiement complet de la dette de l’indépendance en 1883 imposée par la France en 1825, Haïti surfe entre la pauvreté et l’extrême pauvreté. Le budget national est alimenté depuis 3 ans par des ressources externes représentant près de 45% réparties entre dons et financement selon le Groupe Croissance. Cela montre à quel point que la première république noire dépend de l’international. Pour ainsi dire, ses anciens colonisateurs.

 

Au troisième trimestre de l’exercice fiscal 2020, la Banque de la République d’Haïti (BRH), dans sa note de politique monétaire qui concerne les finances publiques, explique la gravité de la situation causée par une baisse des recettes et une variation à la hausse des dépenses de l’Etat comparativement au deuxième trimestre de l’exercice :

 

“[…] au cours du troisième trimestre 2019-2020, les taxes et impôts perçus par l’Etat haïtien ont atteint un peu plus de 19 milliards de Gourdes soit un recul de 12,45% par rapport au deuxième trimestre. Les dépenses quant à elles ont affiché une augmentation de 10,41%, pour se chiffrer à près de 47 milliards […] de façon cumulée, les recettes d’octobre 2019 au 30 juin 2020 ont affiché un montant d’un peu plus de 61 milliards, en hausse de 6,44% par rapport à la même période de l’exercice fiscal précédent. Quant aux dépenses cumulées, elles ont totalisé plus de 106 milliards, en progression de 41,06% par rapport à l’année précédente.”

 

Face à cette situation, l’Etat haïtien se voit dans l’obligation d’exposer ses besoins de financement auprès de la banque centrale. Le financement monétaire total pour les trois premiers trimestres s’élève à un peu plus de 34 milliards de Gourdes contre 30 milliards initialement prévu. Quant aux billets de trésorerie, leur encours a atteint un peu plus de 17 milliards de Gourdes au 30 juin 2020, contre près de 13 milliards au 30 mars 2020.

 

Selon la BRH, les perspectives de l’économie haïtienne, déjà fortement frappées par la pandémie de Covid-19, dépendent de trois facteurs majeurs au cours du prochain trimestre.

  • Le climat socio-politique avec comme conséquence la situation sécuritaire qui seront

particulièrement déterminants pour le niveau d’activité du secteur tertiaire, l’évolution des recettes publiques et sur le recours ultime par l’Etat au financement de la banque centrale.

  • L’évolution de la pandémie de coronavirus devrait jouer un rôle déterminant dans

l’évolution de la situation économique avec un impact particulier sur les entrées des touristes, les dépenses de l’Etat ainsi que la demande externe pour les exportations.

  • Les risques liés à la saison cyclonique devraient continuer à peser sur la performance

du secteur agricole ainsi que sur la disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés.

 

Paul DAMBREVILLE

 

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